Bibliothécaires : militants de la vie privée sous surveillance://

surveillance_800J’accorde une place de plus en plus importante à la protection de la vie privée et des données personnelles. Chaque semaine, on découvre que nos libertés numériques sont de plus en plus grignotées. La dernière en date pour la France est le fameux fichier TES rendu possible grâce au décret Halloween. Ces dérives sécuritaires ne concernent malheureusement pas que la France puisque nos voisins britanniques s’apprêtent également à voter leur loi renseignement dopée aux amphétamines.

J’ai récemment lu l’excellent Surveillance:// de Tristan Nitot publié chez C&F Editions qui a renforcé ma conviction que les bibliothèques ont un rôle à jouer dans la bataille pour la protection des données personnelles et le respect de la vie privée en ligne. Les bibliothécaires peuvent aider les citoyens à reprendre le contrôle de leur vie numérique à condition d’être sensibilisés et convaincus de cette mission.  La force du livre de Tristan Nitot réside dans sa capacité à exposer très clairement le contexte en matière de surveillance et de collecte des données personnelles. L’auteur a décidé d’avoir une approche la plus accessible et vulgarise parfaitement des processus qui peuvent parfois être opaques. L’autre grande qualité de ce livre est le ton et la posture que l’auteur adopte sans complaisance ni culpabilité. Ce livre est vraiment un guide pour le grand public. Il explique également comment la surveillance étatique a été rendue possible et viable économiquement grâce aux géants du Web appelés généralement GAFAM. Par ailleurs Tristan Nitot est réaliste et pragmatique, il sait très bien qu’on ne peut pas empêcher complètement la collecte de nos données personnelles sauf à quelques  rares exceptions (Snowden et d’autres geeks barbus ). On peut toutefois limiter cette fuite :

« On veut limiter la fuite de ses données personnelles, pas l’empêcher complètement. Ce serait louable, bien sûr, mais cela rendrait la tâche trop complexe et trop contraignante ».

En lisant ce livre, je me suis dit que Nitot s’adresse aussi aux bibliothécaires. Quand il recommande des techniques simples à mettre en œuvre pour limiter la collecte des données personnelles, il faut que les bibliothécaires s’en emparent et donnent vie à ces conseils en les transmettant aux usagers qui fréquentent les bibliothèques.

Comment limiter la surveillance au quotidien ?

  • Avoir un système d’exploitation à jour pour éviter les failles de sécurité.
  • Proposer un accès à des systèmes d’exploitation libres
  • Installer des anti-virus : méfiez-vous des gratuits qui recueillent des informations sur leurs utilisateurs.
  • Chiffrer son disque dur pour éviter que quelqu’un siphonne vos données (peut faire l’objet d’un atelier avec VeraCrypt)
  • Utiliser un navigateur véritablement soucieux de la vie privée (Firefox en le téléchargeant depuis le site officiel)
  • Installer des extensions pour le navigateur (HTTPS everywhere, Privacy Badger, uBlock Origin). Ces plugins devraient être installés sur chaque ordinateur mis en accès au public.
  • Utiliser un moteur de recherche alternatif (Qwant, DuckDuckGo). Oui Google est plus efficace mais nos données personnelles sont plus importantes.
  • Eviter les messageries électroniques des GAFAM. Privilégier des boîtes mails payantes ou éventuellement des services semi-gratuits comme ProtonMail, Net-Courrier, OpenMailBox.
  • Apprendre à chiffrer ses messages (On peut se former au chiffrement au cours d’une CryptoParty et ensuite organiser des ateliers dans sa structure.)
  • Si on n’arrive pas à se passer de Google on peut régler quelques paramètres pour limiter la collecte à travers le service My account.
  • Abandonner le plus possible les logiciels propriétaires et privilégier les logiciels libres. Ne constituons pas des portes d’entrées pour les services de renseignements
  • Abandonner les outils d’analyse statistiques trop curieux. Arrêtons Google Analytics pour les sites web de bibliothèques, préférons Piwik. (82% des sites utilisent Google Analytics pour mesurer leur audience. Ainsi Google est en capacité de tracer le comportent de chaque internaute).
  • Sécuriser les sites avec le protocole HTTPS
  • Montrer des vidéos courtes mais très pédagogiques sur la surveillance, le ciblage, les métadonnées
  • Abandonner les DRM des offres de ressources numériques qui servent « à espionner l’usager et commercialiser ses données« 

Si les bibliothécaires s’emparent massivement de ces principes, nous aurons marqué des points dans cette bataille. Il est de notre devoir d’aider les citoyens à comprendre ces enjeux et des les aider à transformer leurs habitudes numériques.

Pour aller plus loin :

 

6 commentaires à propos de “Bibliothécaires : militants de la vie privée sous surveillance://”

  1. Rétroliens : Bibliothécaires : militants de la vie pr...

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  3. Rétroliens : 28/1 journée de la protection des données personnelles : Conseils aux bibliothécaires – Biblio Numericus

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