Comme chaque matin depuis maintenant 17 semaines, Paul a le réflexe d'allumer son transistor pour écouter les informations et les dernières actualités liées à cettre crise qui avait surpris tout le monde, y compris Michel Cymès. Moyennement réveillé, les yeux à moitié fermés à cause de la luminosité du soleil qui irradiait la pièce, Paul buvait tranquillement son café sans prêter attention à ce que racontait la voix qui s'échappait de la radio. Comme souvent au réveil, Paul compulsait frénétiquement son réseau social à la rercherche de gazouillis qui auraient pu agiter sa timeline. Exceptées quelques notifications et autres mentions, auxqelles il ne prêta pas vraiment attention, Paul ne remarqua pas de messages plus croustillants que la tartine de pain de mie qu'il trempait dans son café. Un mot le fît sortir de sa torpeur : "Castagnette" le nom du sinistre de l'Intérieur. Paul leva la tête de son ordiphone. [[Il augmente le son de la radio|radio]] [[Il se ressert du café |café]]Paul n'en croit pas ses yeux, ou plutôt ses oreilles en entendant le journaliste de France Inter qui rapportait les propos de Castagnette tenus le matin même lors d'un visio-conférence de presse. Le chef du gouvernement avait demandé à C.Castagnette de s'entourer des meilleurs experts en sécurité pour concevoir un dispositif numérique destiné à lutter contre la propagation du Covid-19. Cette idée ne disait rien de bon à Paul. Il avait les révélations d'Edward Snowboard en tête. Les mêmes qui avaient prouvé à la terre entière que nous n'avions plus de droit à la vie privée. Nos moindres faits et gestes en ligne sont collectés, classés, organisés pour pouvoir mieux nous contrôler. Pour Paul, quand un Etat décidait de recourir aux nouvelles technologies, ça n'était jamais bon signe. Mais ce n'est pas vraiment ça qui a alerté Paul. C'est plutôt un détail sur lequel son cerveau butait sans réussir à connecter les bons synapses pour savoir ce qui le titillait dans l'annonce de Castagnette. [[Le cerveau de Paul surchauffe|eurêka]] [[Paul se calme, il sait qu'il a une tendance à la paranoïa|paranoïa]]Cela fait maintenant des semaines que les pantins du gouvernement se succèdent sur les plateaux de télévision pour expliquer à la population que la situation est sous contrôle et que la France entre progressivement dans la phase 4 de la gestion de l'épidémie. Foutaises, Paul n'y croit pas un piètre mot et chaque allocution aggrave son psoriasis. Cela le fait d'ailleurs sourire. Chaque matin quand il se regarde dans la glace, il se dit que cette tache blanche sur sa babe irsute est bien le seul point commun qu'il a avec Edouard Philipon. [[La radio parvient à capter son attention. Paul monte le volume|radio]]Paul respira un bon coup et expira tout doucement pour se décontracter et essayer de faire fonctionner son cerveau. Au bout de deux ou trois répétitions de son exercice de yoga improvisé, la magie opéra. A la vitesse de la lumière son cerveau lui rappela cette phrase prononcée par le premier flic de France //"Ça n'est pas notre souhait, nous n'y travaillons pas. Ce n'est pas la culture française."// <a href="https://www.lefigaro.fr/flash-eco/coronavirus-le-tracage-numerique-n-est-pas-dans-la-culture-francaise-assure-christophe-castaner-20200326"; target="_blank">Christophe Castaner, jeudi 26 mars sur le plateau de France 2</a> "Tu parles, vous mentez comme des arracheurs de dents... ou plutôt d'oeil" se dit Paul en se remémorant ces dizaines de victimes des samedis où l'on pouvait encore sortir. C'était donc ça le détail qui perturbait Paul, il se souvenait que quelques jours plus tôt, le gouvernement français semblait s'opposer aux solutions technologiques pour endiguer l'épidémie à l'instar de certains pays asiatiques : la Chine, Singapour, Hong-Kong, la Corée du Sud, que des modèles de démocraties en somme. Qu'est-ce qui pouvait bien motiver le gouvernement français à vouloir transposer ce genre de dispositif ? Pour Paul, l'Etat était en train de franchir une ligne dangereuse. Il était bien conscient que nos libertés étaient régulièrement rabotées et se désolait de notre impuissance et même de notre servitude volontaire à l'égard des outils numériques. <a href="https://twitter.com/gaelfaye/status/527153174726324224"; target="_blank">Si le salaire de l'Homme, c'est la laisse du chien</a>, son smartphone, c'est sa liberté conditionnelle. C'est exactement ce que Paul s'est dit quand au lendemain de l'annnonce du confinement, près de <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/03/26/confinement-plus-d-un-million-de-franciliens-ont-quitte-la-region-parisienne-en-une-semaine_6034568_4408996.html"; target="_blank">17% des habitants de la région parisienne ont migré</a> vers les campagnes pour se protéger du Covid-19 et accessoirement le propager en province. Cet épiphénomène de la crise du Coronavirus était une petite victoire pour Paul. C'était la preuve que nos ordiphones sont des mouchards ambulants. Mais sa satisfaction a vite laissé place à l'amertume quand il reçut quelques jours après, un message de son opérateur téléphonique Citron qui le remerciait pour son acte de civisme et de ne pas avoir quitté le 21 rue de la Ménagerie. [[Paul cherche à en savoir plus sur le projet du gouvernement|Recherche]] [[Paul se calme, il sait qu'il a une tendance à la paranoïa|paranoïa]]Effet de com' ou véritable projet, ce qui est sûr c'est que les annonces en faveur d'une technologie de traçing se multipliaient. A l'image du reste de la gestion de la crise, les orientations semblaient contradictoires d'après Paul. Pour lui, tout cela n'était qu'une vile stratégie du gouvernement pour prendre la température et voir comment les Français allaient réagir face à ce solutionnisme technologique. Il ne se trompait pas, il n'a pas fallu attendre longtemps pour que les éditocrates se succèdent pour dire qu'il était indispensable de mettre en oeuvre une solution de contact tracing. Le gouvernement était donc bien décidé à déployer une application destinée à limiter la propagation du virus. Les chiens de garde étaient lâchés et s'adonnaîent à la surenchère sécuritaire. Pour Jean-Michel Apathique ou Cristophe Coiffeur, la solution envisagée par le gouvernement <a href="https://www.arretsurimages.net/articles/stopcovid-volontariat-et-techniques-de-persuasion"; target="_blank">"n'était qu'un jouet."</a> Pour l'un comme pour l'autre, cette appli de contact tracing ne serait pas du tout efficace. Parce que la loi des séries s'applique également dans l'univers de la connerie, Christophe Coiffeur s'était fendu d'un tweet qui avait révulsé Paul. <blockquote class="twitter-tweet"><p lang="fr" dir="ltr">Christophe Barbier : “Pour faire monter le taux d’adhésion [au “tracking”], il faut une carotte. Il faut dire : tous ceux qui téléchargeront l’application seront prioritaires le jour où on aura des tests de sérologie qui permettront de déconfiner ceux qui sont immunisés.” <a href="https://t.co/ciqnzZE891">pic.twitter.com/ciqnzZE891</a></p>&mdash; Samuel Gontier (@SamGontier) <a href="https://twitter.com/SamGontier/status/1249447117472575501?ref_src=twsrc%5Etfw">April 12, 2020</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script> [[Paul sait que le diable se cache dans les détails et veut comprendre comment fonctionne cette application de contact tracing|comprendre le contact tracing]]Paul a besoin de se dégourdir et d'arrêter de penser à toutes ces questions qui l'inquiètent. Il prend une feuille et un stylo pour rédiger sa liste d'achats de première nécessité. [[Paul enfile sa veste et sort s'acheter à manger|l'attestation]]Déterminé à comprendre les tenants et les aboutissants de ce futur dispositif, Paul s'installe à son bureau et allume son ordinateur pour trouver des articles sur l'appli de traçage envisagée par le gouvernement. [[Paul décide d'aller sur le Monde|Le Monde]] [[Paul décide d'aller sur Next Inpact|Next Inpact]] [[Paul fait défiler sa timeline sur Twitter|Twitter]]Paul parcourt des yeux les titres des articles affichés sur la page d'accueil du Monde. La majorité des articles porte sur les ravages de l'épidémie en France mais à aussi à l'échelle internationale. Il //scrolle// pour faire apparaître les titres placés en-dessous de la ligne de flottaison de son écran quand machinalement son index clique sur sa souris : <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/04/08/qu-est-ce-que-stopcovid-l-appli-de-tracage-numerique-etudiee-par-le-gouvernement_6036036_4408996.html"; target="_blank">Coronavirus : qu’est-ce que StopCovid, l’appli de traçage étudiée par le gouvernement ?</a> En prenant connaissance de l'article, Paul comprend que l'application envisagée par le gouvernement est une transposition des méthodes des enquêteurs pour reconstituer le parcours et les interactions sociales de personnes qui ont été contaminées par le virus pour essayer de remonter au patient 0. La nouveauté porte sur le caractère automatisé rendu possible par l'appli et la technologie Bluetooth. Cédric Gékunelaitre, le secrétaire d'Etat au numérique, est catégorique. L'appli ne permettra pas de géolocaliser les individus car elle ne repose pas sur les coordonnées GPS du smartphone. Ce n'est pas du tracking mais du tracing. Cet argument sémantique est censé rassurer les défenseurs des libertés numériques qui seraient vent-debout contre ce projet. Sans même s'en rendre compte, Paul pousse un soupir de soulagement en découvrant le principe du fonctionnement de l'appli. Il avait encore en tête les initiatives mises en oeuvre ailleurs rassemblées dans un tableau <a href="http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/882/covid_19__aidez_nous__recenser_les_dispositifs_de_surveillance_dans_le_monde"; target="_blank">par le Mouton numérique</a> [[Donc pour résumer le fonctionnement de l'appli|résumé]]Paul sait qu'il pourra trouver sur Next Inpact des articles qui traitreront de Stop Covid de façon rigoureuse et critique. En parcourant le #Brief, Paul ne voit pas d'article correspondant à sa recherche. Connaissant le sérieux de Jean-Marc Maniaque, il se dit qu'il doit être en train de mener son enquête et qu'un papier sera publié d'ici peu par lui, Marc Reese's Puff ou peut-être David Lepetit. [[Paul ferme se déconnecte de son compte et s'apprête à visiter le site du Monde|Le Monde]]Paul fit défiler sa timeline. Au bout de 12 mèmes, 27 lolcats et 14 threads, il parvint à créer une faille spatio-temporelle qui le conduisit dans le futur, 8 heures et 37 minutes plus tard. Il commence à se faire tard et le frigo de Paul est vide : [[Paul enfile sa veste et sort s'acheter à manger|l'attestation]] [[Paul n'a pas très faim et sortira demain|Netflix]]Paul fait tourner ses méninges pour comprendre le fonctionnement de la future application. Il imagine un scénario d'usage dans sa tête pour rendre le dispositif plus compréhensible. "Si je me promène dans la rue et que je croise une personne pendant une certaine durée, nos deux téléphones communiquent et s'échangent des identifiants générés aléatoirement. Si cette personne s'avère être un cas de Covid-19, toutes les personnes qui ont été en contact avec recevront une notification." Sur le papier ça a l'air simple mais en pratique Paul ne comprend pas comment ces identifiants seraient générés ni s'il y avait suffisamment de garantie pour protéger l'identité des individus. A vrai dire, Cédric Gékunelaitre ne semblait pas en savoir beaucoup plus. Paul jeta un bref regard sur sa montre et réalisa qu'il avait passé plusieurs heures sur le web sans s'en rendre compte. Et son frigo était toujours vide. Il ne lui restait plus beaucoup de temps avant que les magasins alimentaires près de chez lui ne ferment. Les mesures de confinement étaient plus strictes depuis la dernière allocution d'Emmanuel Macaron. Face aux incivilités et au non respect des consignes, le chef de l'Etat avait pris la décision de faire appliquer un couvre-feu à partir de 20h. [[Paul enfile sa veste et sort s'acheter à manger|l'attestation]] [[Paul n'a pas très faim et sortira demain|Netflix]]L'esprit occupé par cette histoire de Stop Covid, Paul arpentait les rues de son quartier en se laissant guider par ses jambes sans faire attention à son itinéraire ni à son attestation. Il savait qu'il oubliait quelque chose en refermant la porte de son appartement sans savoir de quoi il s'agissait. Il était pourtant habitué à cette nouvelle procédure. Il savait et que cette attestation était son visa pour une liberté éphémère. Paul réfléchit une demi-seconde et prit quand même le risque de se déplacer sans son attestation en faisant le pari qu'il ne croiserait pas de flics jusqu'à la supérette. Et il avait raison, il n'a croisé aucun agent de police sur son chemin et eut le sentiment de remporter une victoire personnelle contre l'Etat. Mais Paul oubliait un élément qui allait rapidement lui faire tomber le rictus qui s'était dessiné sur sa bouche ; les drones. Si Emmanuel Macaron avait instauré un couvre-feu, il avait aussi octroyé plus de pouvoirs aux préfets pour qu'ils puissent faire respecter le confinement. Le préfet de Paris, Didier Berger-Allemand, ne s'en était pas privé. Fidèle à sa réputation du tout sécuritaire, il n'avait pas hésité à commander en urgence des drones pour équiper les forces de l'ordre et leur permettre d'identifier les resquilleurs. La rapidité de l'acquisition de ce matériel constrastait avec la lenteur de la bureaucratie administrative quand il a été question de commander <a href="https://www.mediapart.fr/journal/france/020420/masques-les-preuves-d-un-mensonge-d-etat"; target="_blank">des masques, des respirateurs ou même des gants.</a> Le vrombissement des ailes <a href="https://www.mediapart.fr/journal/france/250420/avec-le-confinement-les-drones-simmiscent-dans-lespace-public"; target="_blank">du drone qui fendait l’air en s’approchant rapidement de la position de Paul</a> le figea pendant quelques instants. La voix métallique, sortant des entrailles du drone, de l’agent de police qui récitait son discours avertit Paul avec une première sommation : //« En application de l’article 3 du décret du 23 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, veuillez décliner votre identité, votre âge, votre lieu de résidence et l’exposé des motifs de votre présence dans la rue. »// Heureusement que Paul n’avait pas emporté sa pièce d’identité avec lui. Avec ces fichues carte de dernière génération équipées de capteurs biométriques et d’une puce RFID, le drone aurait pu scanner la carte à distance et découvrir l’identité de Paul. Il ne restait pas beaucoup d’alternatives à Paul : se soumettre ou s’enfuir. L’idée d’écoper d’une amende de 135€ et d’une nuit en garde-à-vue ne le réjouissait pas. Celle de prendre ses jambes à son coup ne le rassurait pas. [[Paul s'enfuit|fuite]]Pour occuper sa soirée, Paul hésite entre deux programmes particulièrement alléchants et qui entrent en résonnance avec l'actualité du traçage numérique: <iframe width="640" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/iX8GxLP1FHo" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe> ou <iframe width="640" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/djbwzEIv7gE" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe> [[Paul n'est pas sorti. Il ira peut-être demain faire quelques courses. Il passe sa soirée à jouer à Animal Crossing et va se coucher| le lendemain]]A quelque chose malheur est bon. Depuis plusieurs semaines de confinement drastique, les rues étaient devenues un nouveau terrain de jeu pour la faune qui avait préféré s’éloigner de l’activité humaine et du bruit de la ville. Aussi surprenant et improbable que cela puisse être, c’est ce qui allait sauver Paul de cette impasse. A cet instant précis où le drone s’apprêtait à scanner Paul afin de déterminer son identité, le pleur d’un goéland parvint jusqu’à ses oreilles. Il distingua au loin un bec orange et des ailes cendrées qui se dirigèrent droit sur lui. Il suffit de trois battements d’ailes supplémentaires pour que l’animal fonce directement sur l’oiseau d’acier et l’emporte dans une danse acrobatique aérienne. <img src="https://www.laquadrature.net/wp-content/uploads/sites/8/2019/12/goeland-2-640x360.png" width="640" height="360"> Paul n’en revenait pas, il venait d’être sauvé par un goéland sorti de nulle part. Il avait pourtant entendu <a href="http://www.leparisien.fr/faits-divers/les-goelands-attaquent-les-drones-de-la-prefecture-de-police-de-paris-25-06-2019-8102361.php"; target="_blank">des histoires de ce genre pendant les manifs</a> qui ont secoué la France quelques semaines avant le confinement. Il revoyait encore les tags réalisés au pochoir reprenant le slogan de la Trisection du web « Soutenez les goélands, soutenez la Trisection du web » . Mais, au fond de lui, il n’arrivait pas à s’imaginer que cela puisse être réel. [[Paul rentre chez lui| soirée à la maison]]Cette sortie en catastrophe avait épuisé Paul mais pas suffisamment pour entamer sa détermination à comprendre ce qu’il se passait. Cette mésaventure était une preuve supplémentaire que l’État s’engageait de plus en plus dans une voie sécuritaire aux relents dystopiques. Ce ne sont certainement pas ses lectures du moment qui allaient l’aider à changer d’avis. Paul regarda un instant le pavé recouvert d’une couverture couleur sable et repensa à cet extrait du livre de celui qu’il considérait comme le pape de la dystopie, Alain Demaison : //"Quand j'ai parlé des degrés de liberté aux adolescents, ces degrés que le numérique leur a fait perdre par rapport à leurs grands-parents - anonymat des échanges, des courriers, des achats par exemple, liberté d’expression sans trace - ils ont commencé à mordre. Ça s'est senti aux regards, aux discussions parasites dans les travées, aux questions. Le sujet les touche, naturellement, ils le vivent, ils sont nés dans ce monde bagué où le moindre de leur acte s’enregistre et informe un tiers de ce qu’ils sont et font."// Pour Paul, la seule solution pour échapper à cette société de contrôle consistait à devenir lui aussi un furtif. Après avoir mangé une vulgaire pizza industrielle sous vide, Paul réfléchit à ce qu’il allait faire pour occuper sa soirée. [[Paul se détend et zappe à la recherche d’une émission de TV|Paul regarde la TV]] [[Paul s’assoit à sa table et ouvre son laptop| Paul continue ses recherches]]Paul est bien décidé à se vider la tête et à essayer de penser à autre chose. Il allume sa télévision sans trop savoir quoi regarder. Il zappe frénétiquement d'émission en émission, rebondit de plateaux en plateaux de chaînes d'infos en continue. Rien d'intéressant qui parvienne à capter son attention. Dans une ultime tentative, il appuya une fois dernière fois sur le bouton de sa télécommande et vit les mots suivants s'afficher sur son écran <a href="https://www.arte.tv/fr/videos/083310-000-A/tous-surveilles-7-milliards-de-suspects/"; target="_blank">//"Tous surveillés - 7 milliards de suspects".//</a> Echapper au naturel, il revient au galop. Paul s'installa confortablement et augmenta le volume de son téléviseur. Il n'y avait pas plus en lien avec l'actualité du moment: <iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube-nocookie.com/embed/8wN3emyA-ew" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe> [[Paul a terminé de regarder le documentaire. Il est fatigué et va se coucher| le lendemain]]Installé devant son ordinateur, Paul effectue une requête dans son moteur de recherche CanardCanardVa réputé pour protéger la vie privée de ses utilisateurs. Il tombe devant une série d’articles qui devraient l’occuper une bonne partie de la soirée. Peu d’informations précises circulent sur ce projet d’appli StopCovid pourtant Paul parcourt des articles qui disent une chose et son contraire. A plusieurs reprises, il a lu que cette appli protégerait l’anonymat des utilisateurs et ne permettrait pas de révéler leur identité ni leurs coordonnées géographiques. Dans ce cas pourquoi agiter l’épouvantail du RGPD et crier à qui veut l’entendre que des gardes-fous législatifs existent pour préserver la vie privée de la population. S’il s’agit de données anonymisées, le RGPD n’a pas besoin de s’appliquer. Une donnée anonymisée est l’opposée d’une donnée personnelle par conséquent la question du recueil du consentement ne se pose pas. Paul en est sûre, c’est même <a href="https://www.cnil.fr/fr/reglement-europeen-protection-donnees"; target="_blank">inscrit noir sur blanc dans le règlement</a> : //"Il n'y a dès lors pas lieu d'appliquer les principes relatifs à la protection des données aux informations anonymes, à savoir les informations ne concernant pas une personne physique identifiée ou identifiable, ni aux données à caractère personnel rendues anonymes de telle manière que la personne concernée ne soit pas ou plus identifiable. Le présent règlement ne s'applique, par conséquent, pas au traitement de telles informations anonymes, y compris à des fins statistiques ou de recherche."// Qu’est-ce que cette cacophonie pouvait bien vouloir signifier ? Paul s’efforçait d’essayer de lire entre les lignes pour comprendre les intentions du gouvernement. Selon lui, l’enjeu prioritaire pour l’Etat était de favoriser l’acceptabilité sociale de ce nouvel instrument de contrôle de la population. Quitte à passer pour un illuminé ou un partisan de la théorie du complot, Paul n’arrivait pas à se détacher de l’idée que cette application pour lutter contre la propagation du virus n’était qu’un prétexte pour utiliser cette technologie à d’autres fins. Cette <a href="http://www.leparisien.fr/faits-divers/coronavirus-les-services-de-renseignements-craignent-l-embrasement-apres-le-confinement-11-04-2020-8298150.php"; target="_blank">note</a>, relayée par les médias, du service central du renseignement territorial ne pouvait qu’alimenter sa théorie. Le seul objectif du gouvernement consiste à anticiper le « monde d’après ». La crise des Gilets Jaunes, la réforme des retraites, les Universités, les profs, le milieu hospitalier, finalement la crise du coronavirus et le confinement se sont déclarés sur un foyer d’agitation sociale. Il ne faudrait pas grand-chose pour attiser la flamme de l’embrasement social qui menacerait le pouvoir. Et pour Paul, le gouvernement en est parfaitement conscient. La mise en œuvre d’outils de contrôle ne sert qu’un autre but : permettre à l’État d’endiguer et contrôler la crise politique et sociale qui pourrait émerger à la sortie du confinement. D’ailleurs, il n’était pas le seul à penser et d’autres personnes bien plus au fait des mécanismes de surveillance n’en pensaient pas moins. Du fin fond de la Russie, Edward Snowboard s’est fendu d’un commentaire sur la crise internationale et le réflexe presque pavlovien des Etats de recourir à des outils de surveillance pour endiguer l’épidémie : //"Croyez-vous vraiment que lorsque la première vague, la deuxième vague, la seizième vague du coronavirus seront oubliées, il y aura marche arrière ? Que ces ensembles de données ne seront pas conservés ? Ce qui est en train de se construire, c'est une architecture de l'oppression."// Pour Paul, il n’y avait plus aucun doute, le tour de vis sécuritaire était donné depuis plusieurs années, ce n’était que la suite logique d’une politique qui repose sur une croyance aveugle dans les technologies pour résoudre les problèmes de la société. Malgré l’heure tardive et les yeux qui commençaient à le piquer à force d’avoir le nez pointé sur son écran, Paul poursuivit la lecture des articles qu’il avait stockés dans son instance Doggybag. Un article en particulier l’a légèrement rassuré. Après les multiples annonces sur la future appli, il semblerait que le gouvernement s’engagerait plutôt vers la voix du volontariat. Les Français, contrairement à d’autres pays à l’instar de la Chine, pourront se payer le luxe de choisir de ne pas installer l’application de contact tracing. Il était trop tard pour continuer son investigation, Paul pris la sage décision d’aller se coucher. [[Paul se réveille| le lendemain]]//...Et tout est plus clair...// Paul se réveille en sursaut au son du radio-réveil qui venait de s’allumer à 7h00. Même s’il est contraint au confinement, Paul a gardé ses habitudes d’avant pour essayer de conserver un rythme et ne pas trop souffrir de cet enfermement sanitaire. Comme chaque jour, les titres de la matinale annonçaient le nombre de morts de la veille et ça ne s’arrangeait pas. C’était devenu une routine mortifère à laquelle Paul ne prêtait plus vraiment attention. En revanche, une autre information réussit à capter son attention ; <a href="https://www.bfmtv.com/societe/une-majorite-de-francais-contre-une-application-obligatoire-de-type-stopcovid-sur-leur-telephone-1892571.html"; target="_blank">un sondage réalisé par la Fondation Jean-Jaurès</a> révélait que 53% des personnes interrogées se déclaraient opposées à l’installation obligatoire d’une appli de contact tracing. Une lueur d’espoir pour Paul qui se dit que tout n’est peut-être pas foutu. Il y a peut-être encore une chance qu’on prenne collectivement conscience des risques et surtout des conséquences de cette fuite en avant technologique. Aussitôt son petit-déjeuner terminé, Paul se jeta sur son ordinateur et ouvrit son agrégateur de flux RSS. A chaque fois qu'il l'ouvrait, il ne pouvait pas s’empêcher de faire cette blague qui ne faisait certainement rire que lui : « les flux URSS »… Depuis les années qu’il utilisait ce genre d’outil, Paul avait développé des compétences de filtres sur les articles non-lus apparaissant sous ses yeux. Tout en faisant défiler la liste, ses yeux marchaient au radar. Ils balayaient les titres à la recherche de mots-clés ou rebondissaient d’URL en URL pour aller directement à l’article qu’il l’intéresserait. C’était sa méthode pour réduire le bruit informationnel. Sa méthode allait lui prouver à nouveau son efficacité. Paul s’arrêta sur un article du blog de Dramasoft. Depuis la crise du coronavirus, l’association qui militait pour une décentralisation du web consacrait <a href="https://framablog.org/tag/stopcovid/"; target="_blank">une série d’articles sur les dispositifs de contact tracing</a>. Celui du jour était une republication d’un article du journaliste Hubert Guillotine sur Stop Covid. Il portait bien son nom, - le journaliste pas l'article - son analyse des mécanismes à l’oeuvre et ses arguments tranchaient par rapport aux inepties qu’on pouvait entendre par ailleurs sur la prochaine application. La lecture de cet article révélait une nouvelle couche de complexité pour Paul. Comme le décrit très bien Hubert Guillotine, Stop Covid risque de produire des cas de faux positifs et contraindre au confinement des personnes qui n’ont pas contracté le virus. Mais surtout quelle garantie sera mise en place pour respecter le consentement des gens et ne pas les contraindre à installer cette application ? Ce dernier point commençait à inquiéter sérieusement Paul. Un bidule technologique pourrait porter atteinte à la liberté de circulation au moment du déconfinement qui finirait par arriver un jour ou l’autre. Par la magie de la sérendipité et du déplacement de liens en liens, Paul découvre un quiz pour tester ses connaissances sur la future application au titre raccoleur //"Etes-vous incollables sur le contact tracing ? 8 questions pour tester vos connaissances. La 6ème va vous surprendre."// Paul savait pertinemment qu’il était face à un bon clickbait mais avec tout ce qu’il avait lu ces derniers jours, il éprouvait le désir de mettre à l’épreuve ses connaissances. [[Paul clique sur le lien| Quiz contact tracing]] [[Paul continue la lecture d’autres articles|Libération]]1/ L’appli de contact tracing protégera contre le covid-19 : >> (link-repeat: "Non")[(alert:"Des masques et du matériel, c'est ça qui nous protégera !")] >> (link-repeat: "Non")[(alert:"Ca marche tellement bien que Israël ou la Belgique renoncent à ce genre d'applis !")] 2/ L’appli de contact tracing sera respectueuse des données personnelles : >> (link-repeat: "Oui")[(alert:"Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Aux Pays-Bas, une appli a été épinglée pour collecter les données des utilisateurs.")] >> (link-repeat: "Non")[(alert:"En l\'absence d'informations il faut être prudent. Tant que le code source de l'appli ne sera pas accessible. On n'aura aucune garanie.")] 3/ Les données produites dans le cadre du fonctionnement de l’appli de contact tracing seront stockées de façon : >> (link-repeat: "Centralisées")[(alert: "Pour le moment, le gouvernement semble vouloir s'appuyer sur le protocole ROBERT qui repose sur une centralisation des données de l\'application StopCovid.")] >> (link-repeat: "Décentralisées")[(alert: "D'autres pays à l'instar de l'Allemagne privilégient une architecture décentralisée. Même Google et Apple...")] 4/ L’installation de l’application de contact tracing reposera sur le volontariat : >> (link-repeat: "Oui")[(alert: "Les déclarations semblent garantir le volontariat. Mais dans ce cas pourquoi soumettre au vote des députés une application qui repose sur la liberté de choisir.")] >> (link-repeat:"Non")[(alert: "Si l'accès aux transports en communs ou les déplacements dans la rue sont conditionnés à l'utilisation de l'application, nous serons contraints de l'installer. La notion de consentement vole en éclats.")] 5/ Le bluetooth est un protocole de communication sécurisé. >> (link-repeat:"Vrai")[(alert: "Aucun système n'est infaillible. En février 2020 une faille importante de sécurité liée au Bluetooth des appareils Android a été révélée. Les versions les plus récentes d'Android ont été patchées. Mais qu'en est-il pour les versions les plus anciennes ?")] >> (link-repeat:"Faux")[(alert: "Ce n'est pas parce qu'elle n'est pas connue que la faille de sécurité n\'existe pas.")] 6/ Les gens qui n’ont pas de smartphone ou ne l’utilisent que de façon rudimentaire pourront : >> (link-repeat:"Rester chez eux")[(alert: "13 millions de personnes en France sont en situation de fracture numérique. Si l'application StopCovid est obligatoire, une grande interrogation se pose pour toute cette partie de la population.")] >> (link-repeat:"Porter un bracelet électronique")[(alert:"Le patron de l'entreprise Sigfox a suggéré aux pouvoirs publics un bracelet connecté. Le bracelet pourrait même émettre un son si vous êtes trop proche de quelqu\'un. C'est pas beau le progrès ?!. Le Liechtenstein et la Corée du Sud testent des bracelets...")] A l'issue du quiz, Paul était encore plus inquiet. Il regarda l'heure et se souvint que le Président Macaron devait bientôt faire son allocution pour annoncer le déconfinement. [[Paul allume sa TV pour écouter Emmanuel Macaron|l'annonce]]Paul poursuivait sa lecture. Il commençait à y avoir pas mal de papiers sur les applications de contact tracing qui reflétaient toutes les tendances possibles : ceux qui défendent la nécessité d’utiliser ce genre d’appli, ceux qui estiment que le contact tracing doit être obligatoire pour fonctionner, <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/24/deconfinement-nous-nous-sommes-encore-tire-une-balle-dans-le-pied-avec-le-rgpd_6037643_3232.html"; target="_blank">ceux qui estiment que la question du consentement est une épine dans le pied qui faut être prêt à sacrifier</a>, ceux qui alertent sur les risques en matière de libertés, ceux qui s’attachent à démontrer l’inefficacité de ce dispositif pour endiguer l’épidémie. La démocratie et son pluralisme dans toute sa splendeur. Même si pour Paul, certaines idées défendues contribuaient plutôt à creuser le sillon propice au développement d’une société fascisante. Parmi ces nombreuses lectures, un concept parvint à résumer un processus que Paul observait depuis quelques semaines et sur lequel il n’arrivait pas à mettre de termes : l’effet cliquet. « //« Ce qu’on appelle l’effet cliquet, c’est cette accoutumance qui rend permanents des dispositifs déployés à titre expérimental ou dérogatoire. »// C’est le journaliste <a href="https://www.liberation.fr/planete/2020/04/03/l-espace-public-quasi-militarise-devient-un-laboratoire-securitaire_1784168"; target="_blank">Olivier Trisquel qui expliquait ce phénomène dans un entretien à //Libération//</a> Ce mécanisme n’est ni récent ni spécifiquement français. Au lendemain des attentats du 11/09/2001, les Etats-Unis en ont profité pour faire voter le Patriot Act qui a constitué le terreau de la politique liberticide et sécuritaire qu’Edward Snowboard a révélé plus de dix ans après. La France n’a pas à rougir <a href="https://www.vie-publique.fr/eclairage/18530-trente-ans-de-legislation-antiterroriste"; target="_blank">avec sa cohorte de lois</a> votées à la hâte après les séries d’attentats qui ont touché le sol français. L’état d’urgence et ses multiples prorogations, loi renseignement, loi de programmation militaire, loi relative à la prévention et à la lutte contre les incivilités, les atteintes à la sécurité publique et actes terroristes dans les transports collectifs de voyageurs, loi relative à la sécurité publique, loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme… le savoir français en la matière n’est pas en reste. Depuis trente ans, les gouvernements se succèdent mais les lois s’enchaînent. Cette farandole législative donnait le tournis à Paul. [[Ce soir Emmanuel Macaron doit faire son allocution. Paul allume la TV|l'annonce]]Plusieurs rumeurs circulaient sur les modalités du déconfinement. Tous les scénarios étaient envisagés : du pire au légèrement moins pire. Tout le monde y allait de son analyse et de son interprétation alors qu’Emmanuel Macaron ne s’était pas encore adressé aux Français. L’allocution présidentielle était prévue à 20h02, de quoi laisser le temps de rendre hommage aux forces de l’ordre qui prennent beaucoup de risques pour faire respecter le confinement depuis plusieurs semaines maintenant. Cette routine mettait profondément en colère Paul. Malgré la pression, il parvenait à résister et ne pas se soumettre à cette forme de contrôle social. A vrai dire, Paul n’avait jamais vraiment été dans la moindre norme. Il écoutait la radio en attendant le discours du chef de l’État, il ne restait plus longtemps à attendre. Entendre les journalistes essayer de combler les quelques minutes qui restaient avant l’allocution amusait beaucoup Paul. Si la nature a horreur du vide, les journalistes aussi à l’exception peut-être de ceux de IBFM-TV. // « Mes chers compatriotes...»// C’est parti, la France suspendue aux lèvres d’Emmanuel Macaron va enfin découvrir les conditions du déconfinement après plusieurs mois d’enfermement. Paul écoutait nerveusement et chaque mesure annoncée reflétait à ses yeux l’incompétence et l’incapacité du gouvernement à gérer cette crise. Le discours prononcé par le Président a dû être écrit par un conseiller de Geoffroy RoutepouralleràBéziers ; il n’y en avait que pour les entreprises. Celles qui se sont gavées depuis des années et qui reversent années après années toujours plus de dividendes à leurs actionnaires. Celles dont les pertes ont été absorbées à coup de liquidités d’argent magique public. Paul bouillait et parlait à voix haute. Mais son colèromètre a fait un bond quand Emmanuel Macaron a expliqué les conditions que les Français devront respecter pour pouvoir sortir et aller au travail. D’ailleurs, c’est le seul motif de sortie autorisé. Dès le lendemain, les Français devront installer l’application StopCovid sur leur téléphone et activer le Bluetooth pour pouvoir faire fonctionner l’application de contact tracing. Le Président justifiait ce choix en expliquant que le volontariat ne permettrait pas d’atteindre un seuil critique suffisant pour que l’application puisse fonctionner. A Singapour, <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/e-sante/a-singapour-l-echec-d-une-application-mobile-de-distance-sociale_143778"; target="_blank">la Cité-Etat avait été une des premières à déployer ce dispositif, à peine plus d’un million d’habitants avait installé l’application. Le principe du volontariat avait montré ses limites</a>. Sans en dire beaucoup plus, Macaron a également annoncé que les forces de l’ordre seraient habilitées à recourir à tous les moyens pour s’assurer que les Français disposeront de l’application de « tracking ». Le mot avait été lâché par le chef de l’État avant de se reprendre et prononcer correctement « contact tracing ». Ambiance. [[Paul veut en savoir plus sur l’appli| documentation sur l’appli]] [[Paul est écoeuré et veut ne plus penser à tout ça pour ce soir. Il va se coucher| Paul s’endort]]Après l’allocution d’Emmanuel Macaron, le sang de Paul n’a fait qu’un tour. Tel un taureau qu’on a lâché dans une arène, il se rue sur son ordinateur pour prendre connaissance la réaction des Français et espère ne pas être le seul à ressentir l’étau de la <a href="https://lundi.am/Le-solutionnisme-technologique-restreint-completement-nos-imaginaires";target="_blank">« dictature de la commodité »</a> se resserrer sur les libertés individuelles qui cimentent les règles de base d’une démocratie. Comme il pouvait s’y attendre, le hashtag #1984 était en tendance sur Twitter. En 280 caractères, les internautes exprimaient leur colère et leur rejet des mesures prises par le chef de l’État. Peu à peu le nombre de gazouillis se fît de plus en plus rare. Paul n’arrivait plus à tweeter non plus. Il pensa à une surcharge des serveurs du réseau social. Il se déconnecta, rouvrit son compte et essaya de poster un message banal avec un GIF de chat. Par miracle, le message pu être envoyé pour grossir les rangs du big data. Il n’en a pas fallu longtemps à Paul pour se forger sa théorie : le gouvernement avait demandé à Twitter de filtrer tous les posts liés de près ou de loin au déconfinement. Paul abandonna temporairement l’oiseau bleu pour poursuivre ses recherches sur Stop Covid. Quelque chose d’assez incroyable le frappa. L’application que l’État imposait d’installer n’était pas développée par ses soins. Cédric Gékunelaitre avait reconnu que la <a href="https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/140420/application-stopcovid-cedric-o-optimiste-mais-pas-totalement-certain ";target="_blank">possibilité de sortir cette application pour le déconfinement était incertaine en raison des barrières techniques</a> du protocole de communication Bluetooth. C’était même pire que cela, Paul était en train de réaliser que l’État avait décidé de confier ce projet à des acteurs aux intérêts privés. Autrement dit, l’État accordait une mission régalienne à des entreprises privées. Paul en était convaincu en parcourant ce thread d’Elliot Alderson : <blockquote class="twitter-tweet"><p lang="fr" dir="ltr">1/ Alors que personne n&#39;a rien demandé, Stéphane Richard a annoncé la semaine dernière avoir développé une application de contact tracing avec cinq autres industriels français.<br><br>Aujourd&#39;hui, aucun détail de cette app n&#39;est public. Ils ne donnent pas d&#39;infos? Allons en chercher! <a href="https://t.co/XizTWct4AE">pic.twitter.com/XizTWct4AE</a></p>&mdash; Elliot Alderson (@fs0c131y) <a href="https://twitter.com/fs0c131y/status/1253263182912782336?ref_src=twsrc%5Etfw">April 23, 2020</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script> Mais Citron n’était pas le seul dans la course à l’application. Un <a href="https://www.collectif-codata.fr/note.pdf"; target="_blank"> collectif d’entreprises de la tech française</a> s’était créé pour //« développer des solutions concrètes qui aident les acteurs publics luttant chaque jour contre le virus et les impacts de la crise ».// Pour Paul, on nageait en plein bullshit à la sauce Startup Nation. C’était surtout l’occasion pour ces entreprises de se développer et de tenter de conquérir des parts de marchés dans ce segment du capitalisme de surveillance. Qu’Apple ou Google décident de se redorer le blason en annonçant une contribution commune pour développer un outil de contact tracing interopérable entre les deux OS étaient prévisibles et suffisamment dangereux au regard de leur position monopolistique. Mais là, la décision du gouvernement allait finir de rogner les reliquats de libertés individuelles des Français. Le plus incroyable pour Paul, c'était l'imprudence du gouvernement de demander à des entreprises privées de concevoir cette application. Il y avait de tout dans les entreprises volontaires : de Capgeminy Cricket à Théorème de Thalès en passant par des boîtes moins connues mais dont la sécurité ne semblait pas être la priorité : <blockquote class="twitter-tweet"><p lang="fr" dir="ltr">Ça va bien se passer <a href="https://t.co/KoxDJLEIOF">pic.twitter.com/KoxDJLEIOF</a></p>&mdash; Kitetoa (@_Kitetoa_) <a href="https://twitter.com/_Kitetoa_/status/1254522262356664328?ref_src=twsrc%5Etfw">April 26, 2020</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script> Paul était ulcéré et bougonnait tout seul dans son appartement. Le cauchemar dystopique se transformait peu à peu en une réalité cynique. L'ombre de <a href="https://www.laquadrature.net/2020/04/25/stopcovid-est-un-projet-desastreux-pilote-par-des-apprentis-sorciers/"; target="_blank">Cambridge JeRécupèreTesDatas</a> n'était pas si loin. C’était pas faute d’avoir des alertes qui essayaient d’avertir le gouvernement. Des experts <a href="https://attention-stopcovid.fr/"; target="blank">en cryptographie</a>, en sécurité informatique, en <a href="https://risques-tracage.fr/"; target="_blank">droit des technologies</a> se sont organisés pour signaler les dérives de ce projet. Paul avait bien entendu parcouru les <a href="https://www.laquadrature.net/2020/04/14/nos-arguments-pour-rejeter-stopcovid/"; target="_blank">argumentaires de la Trisection du web pour rejeter StopCovid</a>. Il lui était impossible d’imaginer que les conseillers du Président n’avaient pas eu connaissance de <a href="https://www.nextinpact.com/news/108920-contact-tracing-limites-bluetooth-risques-sur-vie-privee-et-lanonymat.htm"; target="_blank">ce papier de Jean-Marc Maniaque</a>. Paul n’en revenait pas, même des <a href="https://www.lefigaro.fr/vox/politique/tribune-de-15-deputes-nous-avons-besoin-d-un-depistage-massif-pas-d-un-pistage-massif-20200408 "; target="_blank">membres de la majorité</a> ont exprimé leurs doutes et leurs inquiétudes face à cette dérive sécuritaire technologique. C’était suffisamment rare pour le signaler. Jusqu’à présent, la République en Marche Arrière n’était pas réputée pour tolérer publiquement les divergences internes. Mais non le gouvernement a fait le choix autoritaire d’imposer cette application qui avait prouvé son inefficacité. Cependant, plusieurs éléments auraient pu mettre la puce – GPS – à l’oreille de Paul. Le <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_conseil_scientifique_20_avril_2020.pdf"; target="_blank">conseil scientifique qui entoure le gouvernement</a> avait été très clair dans une note parue au cours du mois d’avril //"Si les usages volontaires sont à privilégier, des options obligatoires ne peuvent être écartées."// [[Paul est écœuré et veut ne plus penser à tout ça pour ce soir. Il va se coucher| Paul s’endort]]Le réveil sonne. Après plusieurs mois en standby, Paul, comme tous les Français, doit essayer de reprendre une vie quasiment normale. Il se réveille avec un mal de crâne digne des plus grandes cuites qu’il a pu prendre quand il était étudiant. Mais ce n’est pas l’alcool qui lui a provoqué cette migraine, c’est tout ce qu'il a lu la veille. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Paul retrouve sa routine et se prépare pour aller au travail comme si cette activité ne s’était pas arrêtée. Un dernier regard dans le miroir de l’entrée de son appartement, Paul s’apprête à sortir sans son attestation et aller prendre les transports pour se rendre sur son lieu de travail. Le pied à peine dehors, Paul était déjà en infraction pour avoir refusé d’installer l’application Stop Covid. Conscient des risques qu’il encourt, il a préféré rejoindre les rangs de la guérilla numérique informelle qui était en train de s’organiser pour défendre les libertés numériques. Curieusement les rues étaient relativement calmes, les trottoirs et la chaussée étaient plutôt vides. Paul se dirigea tranquillement vers le métro qu’il n’avait pas utilisé depuis des mois et cela ne lui avait pas manqué. Evidemment, il n’avait pas oublié le chemin et le connaissait par coeur mais il hésita sur l’itinéraire à prendre : [[Paul tourne à gauche. Le chemin est un peu plus long, mais il a envie de marcher|Paul tourne à gauche]] [[Paul tourne à droite. Le chemin est plus court et il préfère aller plus vite| Paul tourne à droite]]Au carrefour, Paul prit la première rue à gauche. Cet itinéraire était légèrement plus long mais lui permettait de profiter des jardins en fleurs des maisons qui bordaient les trottoirs. Il pouvait bien se payer ce luxe après des mois d’enfermement. Malgré sa mésaventure avec le drone, Paul ne remarqua pas leur déplacement dans les airs. Ils n’étaient pas suffisamment proches pour représenter une menace. En revanche, Paul posa son regard sur autre chose. Et il était sûr que ce n’était pas présent avant le confinement. Il s’approcha d’un pas décidé pour en savoir plus. A quelques mètres de l’appareil métallique fixé sur l’arrête d’un mur, Paul comprit qu’il s’agissait d’une caméra thermique. Cet équipement est destiné à prendre la température corporelle des piétons et éventuellement déceler des cas de contamination. Il parvint à lire sur le côté de l’appareil //« ThermoView ID -451 »·// Paul sortit son ordiphone de sa poche et saisit la référence dans son moteur de recherche. Bingo ! Il tomba sur le site d’une entreprise qui fabriquait et commercialisait ce produit. La fiche produit permit à Paul de comprendre que cette caméra thermique était couplée à un algorithme de reconnaissance faciale. Évidemment, savoir qu’un piéton est contaminé n’est pas suffisant, les pouvoirs publics doivent découvrir l’identité de la personne pour pouvoir la contacter et la contraindre à se confiner. Paul n’en revenait pas, l’État avait profité du confinement pour transformer l’espace urbain en terrain de jeu et laboratoire d’expérimentation de cette nouvelle société de contrôle. Mais une question frappa l’esprit buté de Paul : //« Que se passe-t-il si je fais mon jogging en passant devant cette caméra ? Ma température corporelle sera nécessairement plus élevée. A tous les coups, la technologie produira un cas de faux-positif..."// [[Sur ces mots, Paul arriva au métro et descendit dans les sous-terrains parisiens|Paul prend le métro]]Non pas qu’il soit pressé d’arriver au travail, mais Paul décida de tourner à droite pour arriver plus rapidement au métro. Il avait bien conscience qu’il n’avait pas activé le Bluetooth et encore moins installé l’application StopCovid, il préférait éviter d’avoir à se justifier lors d’un éventuel contrôle de police. En s’engageant sur le boulevard, Paul se fit surprendre par la présence d’une unité de police positionnée pour établir un checkpoint. C’était prévisible, les piétons sont nombreux à emprunter ce passage pour rejoindre le métro. L’occasion rêvée pour les forces de l’ordre de choper quelques resquilleurs et remplir les quotas quotidiens exigés par le Préfet Didier Berger-Allemand. Paul s’arrêta un instant pour observer la scène et essayer de trouver une solution. Peu d’options s’offraient à lui : rebrousser chemin ou franchir le barrage mais pour cela il lui fallait installer l’appli Stop Covid. Une chose intriguait Paul. Les flics ne contrôlaient pas tous les passants. Ils en sélectionnaient quelques-uns et les invitaient à patienter sur le côté. Est-ce qu’il s’agissait de contrôles aléatoires comme à la douane ? Paul n’en était pas convaincu. Il regarda plus attentivement la scène et vit de l’autre côté de la rue un panier à salade stationné, la porte grande ouverte, avec un type installé à l’intérieur avec une grosse valise sur les genoux. Paul n’en était pas certain, mais il avait une petite idée de ce que cela pouvait être. Il y a quelques années, au moment du vote de la loi renseignement, la police nationale avait reçu l’autorisation d’avoir un nouveau jouet qui était réservé jusque-là à un usage militaire. Cette grosse valise était un IMSI-catcher, une fausse antenne-relais capable d’intercepter les données de communication d’un téléphone. Paul n’avait pas tort. Pour pouvoir identifier les « digital guerilleros », comme les avait surnommés le Préfet Berger-Allemand, la police s’était procurée des IMSI-catcher de nouvelle génération. Il remplissait la même fonction mais de façon plus efficace et avec une portée plus importante. Mais la grande nouveauté de ces antennes-espions v.2 était leur capacité à identifier sur une cible si le GPS fonctionnait, si le WiFi était activé ou si le Bluetooth était allumé. C’était l’entreprise Ralentir, spéciaisée dans les technologies de surveillance et les algorithmes alimentés à coup de bid data, qui dealait avec la plupart des Etats de la planète, qui avait équipé les forces de l’ordre françaises. Paul se demanda si Olivier Trisquel, Jean-Marc Maniaque ou Amaëlle Guéridon, les journalistes qui avaient l’habitude de couvrir les sujets liés à la surveillance, avaient plus d’infos là-dessus. Pour Paul, il fallait que ça se sache. [[Pour ne pas se faire attraper, Paul décida de faire demi-tour et de prendre le chemin plus long|Paul tourne à gauche]]Paul descendit les escaliers pour éviter d'être trop proche des autres usagers du métro agglutinés le long de l'escalator. Ce mélange d'odeurs d'oeufs pourris, de plastique brûlé lié au freinage des trains recouvert des parfums des personnes rappela à Paul la chance exceptionnelle qu'il avait de connaître cette expérience. En arrivant en bas des marches, il vit une longue file d'attente composée d'usagers qui attendaient certainement pour mettre à jour leur abonnement mensuel Navigo. Paul savourait son choix d'être passé au forfait annuel peu de temps avant le confinement. Mais en s'avançant vers les portiques pour valider son titre de transport, Paul découvrit que la raison de la file d'attente n'était pas le renouvellement du pass Navigo. Une unité de sécurité de la Régie des transports parisiens était postée en faction et contrôlait les téléphones de voyageurs du métro. Paul regarda autour de lui et remarqua les affiches placardées expliquant les règles sanitaires à respecter pendant le déconfinement: //A la suite des mesures renforcées prises par le Gouvernement pour enrayer l'épidémie de Covid-19 visant à organiser le plan de déconfinement, la RATP informe ses clients que l'utilisation de l'application StopCovid est nécessaire pour utiliser les transports en commun. La santé de chacun est l'affaire de tous. Ensemble nous y arriverons.// Paul était furax et ruminait dans sa tête //Il est beau votre volontariat. Si je refuse d'installer l'application, je ne peux pas prendre les transports. C'est pas un consentement forcé ça ?// Pendant que Paul fulminait dans sa tête contre la RATP, la file d'attente avait avancé et c'était maintenant à son tour de présenter son ordiphone aux agents de la RATP. L'un d'entre eux portait un drôle d'appareil sur le visage. Une espèce de gros casque de réalité virtuelle. Il semblait balayer du regard chaque personne entrant dans la bouche du métro. Paul comprit rapidement de quoi il s'agissait. Grâce à <a href="https://www.usine-digitale.fr/article/covid-19-la-police-emiratie-utilise-des-casques-connectes-pour-prendre-la-temperature-de-la-population-a-distance.N957746"; target="_blank">ce casque connecté</a>, l'agent peut déterminer la température corporelle des individus. Si quelqu'un présente une température anormale, elle est automatiquement reperée et invitée à faire demi-tour. Le déconfinement c'est pas pour tout le monde. Paul se demandait si le coût de ces gadgets allait être répercuté sur le prix de son abonnement Navigo quand subitement il entendit une voix le sommant de présenter son téléphone. Paul hésite : [[Paul ment et dit qu\'il ne peut pas installer d'application sur son téléphone.|Paul ment]]- //Mon téléphone n'est pas un smartphone. Je ne peux pas installer d'application dessus.// - //Sans application, vous ne pouvez pas emprunter les transports en commun Monsieur.// - //Je vous dis que je ne peux pas, je fais comment ?!// - //Ce n'est pas mon problème.// Objecta l'agent. -//L'application repose sur le volontariat. Vous ne pouvez pas m'obliger à l'utiliser pour me déplacer.// Rétorqua Paul d'un ton ferme. -//L'application repose sur la liberté de chacun de l'installer ou pas. Vous avez raison. En revanche, l'utilisation des transports en commun nécessite d'installer l'application. Pas d'application, pas de transport. Mais vous avez tout à fait le droit de ne pas l'installer. C'est votre droit le plus strict.// - //Merci pour votre syllogisme, Monsieur, mais est-ce que vous mesurez que votre décision...// - //...Ce n'est pas ma décision mais celle de la RATP// répliqua l'agent sans laisser le temps à Paul de terminer sa phrase. - //Oui, bon, ne jouez pas sur les mots. Vous m'imposez d'installer cette application de tracing numérique. C'est un consentement forcé.// - //Monsieur, je ne vais pas perdre mon temps avec vous, d'autres personnes attendent. Si vous ne voulez pas installer l'application, c'est votre droit. Cette décision induit des conséquences, qu'elles vous conviennent ou non, que vous devez accepter. Puis si c'est par peur d'être surveillé, franchement entre nous, c'est peut-être trop tard pour s'inquiéter. Entre votre pass Navigo qui nous permet de savoir où vous rentrez et par où vous sortez, les 51 000 caméras du réseau et <a href="https://www.lebigdata.fr/ratp-chatelet-labo-reconnaissance-faciale"; target="_blank">la reconnaissance faciale</a>, on en sait déjà beaucoup sur vous Monsieur.// [[Paul refuse de céder à la pression et de se soumettre à ce dispositif de contrôle|Paul refuse]] [[Paul cède et installe l'application|Paul cède]]Paul refuse de renoncer à ses principes. Pour lui, un peuple qui est prêt à sacrifier un peu de liberté pour plus de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre. Il décide de rebrousser chemin et de rentrer chez lui. Il préviendra son employeur de sa situation et de son impossibilité de se rendre au travail. Arrivé chez lui, Paul se connecta à sa boîte mail. Il supprima les deux ou trois spams de sa boîte de réception puis s'apprêta à se déconnecter quand une notification l'interpella. [[Paul clique sur le mail|mail]]Face à la pression qu'il subit, Paul finit par céder au besoin de se conformer à la norme sociale. Il accepte d'installer l'application StopCovid et de se soumettre un peu plus aux politiques panoptiques de ce gouvernement. Une fois l'application installée, Paul peut prendre les transports en commun pour se rendre au travail et reprendre une vie presque normale. Au fond de la rame, une personne se mit à tousser. Sans même s'en rendre compte, Paul vérifia si le Bluetooth de son téléphone était bien activé. (align: "=><==") [FIN] [[Retour au début de l'histoire|Il était une fois quelque part dans le monde]]From : unknown To : paul.d@protonmail.com Subject : "Serez-vous des nôtres" ---------------- >>Bonjour Paul, Nous avons trop longtemps accepté de sacrifier nos libertés. Chaque attentat, chaque mouvement social, chaque contestation est l'occasion pour l'Etat de raboter les principes qui fondent une société libre et démocratique. Trop longtemps, nous avons accepté des mesures de surveillance visant à répondre à deux impératifs : garantir la sécurité de l'ordre établi et sa prosperité. Parce que nous rejetons cette société de contrôle, nous avons décidé de nous organiser et de reprendre le contrôle sur nos vies et préparer le monde d'après. L'acte 1 de la lutte pour la reconquête de nos libertés a démarré. L'ère de notre servitude volontaire est révolue. Ni les entreprises ni les Etats ne nous imposeront des chaînes numériques. Alors, serez-vous des nôtres ? [[Oui|Fin]] <pre style="line-height: 1em;"> MMMMMMMMMMMMMMMMMMm/--odMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMMMMMMy/ *+mMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMMMMM+ .dddNMMMMMMMMMMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMMMN+ .+. *:odMMMMMMMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMNMN. .o/ -yNMMMMMMMMMMMMM MMMMMMMMMm/ *-::--* -+/ hMMMMMMMMMMMMM MMMMMMMMy. :-.-os/ -//ymMMMMMMMMMM MMMMMMMo *.-:--. /- /dMMMMMMMM MMMMMN/ _ .s .+/ hMMMMMMMM MMMMy. / s__./+ hMMMMMM MMN+ /d+. __/ :hod+ /:.sMMM MMs -MMd+``./+++smMm: ,oo. \dM N/ .oNMMMMhs/:-.-/Ny.: :o/ \+ + ^-/sdNMh/- -mN+ . .o-/ /y m: ..-+NNhyNMN+!. \ // : /oM MN+- .dy--:+oss+/-,:+- \ /yMM MMMN: .sh- ..-+h- .../oMMM MMMMM. :do\ .:/. !-/-. .mMMM MMMMMMh. .sd// .-_+/-* sMMMM MMMMMMMm- +Ns yMMMM MMMMMMMMNm: -do /NMMMM MMMMMMMMMMm: \: +MMMMM MMMMMMMMMMMN\ o. .NMMMMM MMMMMMMMMMMMMh. ,-smy! :dMMMMMM MMMMMMMMMMMMMMd- :shmMMh: /sMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMMMMy +Mo- -hMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMMMM/ \M. NMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMMMM| d. MMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMMMd s. .MMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMMM+ +. -MMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMMM: -/ -MMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMMm ./ :MMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMM+ : -MMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMM` -MMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMM +MMMMMMMMMMM MMMMMMMMMMMMM/.```````````````````````yMMMMMMMMMMM </pre> (align: "=><==") [FIN] [[Retour au début de l'histoire|Il était une fois quelque part dans le monde]]