En 2016, protégeons les données personnelles des usagers des bibliothèques

Vie privée by G4ll4is Flickr CC-BY-SA
Vie privée by G4ll4is Flickr CC-BY-SA

A chaque nouvelle année, il est fréquent de voir certaines personnes s’essayer à la prospective et tenter de faire des pronostics sur l’année à venir. J’aimerais lire dans ma boule de cristal et prédire que cette année les bibliothèques seront au centre des politiques publiques culturelles. J’aimerais dire que les makerspaces deviendront un espace fréquent dans les bibliothèques publiques. J’aimerais qu’on prête des kits du bidouilleurs à l’image de cette bibliothèque qui prête des Kits Arduino. J’aimerais imaginer qu’en 2016, les bibliothécaires s’attachent à défendre et protéger la vie privée des utilisateurs de plus en plus confrontés à des menaces de surveillance et d’exploitation de leur vie privée. Est-ce que tout cela arrivera ? Nous le verrons bien. Cependant, je suis sûr d’une chose, c’est que nous pouvons intégrer cette nouvelle problème au cœur de notre réflexion à travers les journées d’étude, les congrès, les rencontres professionnelles, les blogs etc… A ce propos, je vous invite à lire le dernier billet de notre précieux Silvae national ainsi que ma série d’articles sur les questions de privacy.

Une fois de plus nos confrères américains témoignent de leur avance sur ces questions à travers un article du Guardian publié hier dans lequel on découvre la stratégie mise en place pour protéger les données personnelles des usagers des bibliothèques. En effet, le Graduate Center de l’université de New York a décidé de purger les informations relatives aux prêts entre bibliothèques (PEB). Un des initiateurs de la démarche part du constat que les bibliothèques ne devraient pas détenir les informations d’usagers qui ne sont pas indispensables. Ils ne garderont dans un premier temps que les demandes depuis 2013. Cela pourrait nous faire sourire en France car nous avons la CNIL qui nous oblige (fort heureusement) à supprimer les données d’emprunt au-delà du 4ème mois. (ou alors plus longtemps à condition de les anonymiser comme le fait notamment la BULAC). Mais ce changement de politique n’est pas anodin aux Etats-Unis dans la mesure où une forte censure sur les livres existe. L’événement Banned books week témoigne en est la preuve. Les bibliothécaires US considèrent donc avoir le devoir de protéger les lecteurs de textes « hérétiques ».

Les bibliothécaires américains sont de plus en plus confrontés à des situations délicates dans lesquelles on leur demande de fournir des informations sur les usagers. A titre d’exemple, le FBI a déjà exigé, par l’intermédiaire d’une lettre de sécurité nationale, à une bibliothèque du Connecticut l’accès à des historiques de prêts et aux disques durs des ordinateurs. Mais les bibliothécaires ont résisté et semblent avoir obtenu gain de cause. L’ALA s’était d’ailleurs opposée ouvertement contre ces lettres de sécurité nationale. Comme l’explique l’article, face au développement des pressions nos collègues américains sont devenus de faits des acteurs majeurs de la protection des données personnelles des usagers.

Alison Macrina, responsable du Freedom Project Library, considère que les données produites dans le cadre du PEB constituent des éléments qui intéressent les spécialistes du renseignement et représentent donc une menace pour la liberté et le respect de la vie privée de certains usagers. Comme elle le rappelle, cela n’est qu’une des solutions que nous pouvons envisager pour renforcer la protection des données personnelles. L’article rappelle l’expérience de certaines bibliothèques américaines qui ont mis en place des nœuds de sortie Tor afin de limiter le tracking des internautes.

Alors en 2016, on s’y met et on organise tous des chiffrofêtes dans nos bibliothèques !

Source : The Guardian

5 commentaires à propos de “En 2016, protégeons les données personnelles des usagers des bibliothèques”

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