Les hackerspaces doivent-ils remplacer les bibliothèques ?

Le Huffington Post a récemment publié un article particulièrement intéressant sur le devenir des bibliothèques. L’auteur de l’article part du constat que les bibliothèques traversent une crise notamment en ce qui concerne leur fréquentation (l’auteur annonce une baisse de 40 millions de visiteurs mais je ne sais pas à quel pays correspond ce chiffre), la baisse des budgets et des ressources disponibles. Mais en parallèle, l’auteur rappelle que pour 8 personnes sur 10, la bibliothèque est un service important qui ne doit pas disparaître. Comment expliquer cet attachement et cette sous-utilisation des bibliothèques ?

D’après James Coe, la réponse est simple : les individus sont attachés aux principes que la bibliothèque incarne. Autrement dit, il est important pour la communauté d’avoir un espace collectif dans lequel on se rassemble pour partager des idées et s’éduquer. Mais personne ne se soucie de leur sous-utilisation.

Par ailleurs, l’émergence du web et le développement des outils numériques ont transformé  la capacité d’accéder à l’information. Il n’est plus nécessaire de passer par les catalogues des bibliothèques pour vérifier la disponibilité d’un document. Comme le dit l’auteur, pour avoir une information il suffit désormais de passer par n’importe quel moteur de recherche voire YouTube ou Amazon. Il n’en conclut par pour autant qu’il faut fermer les bibliothèques. Bien au contraire, il y a toujours une place pour elle, il faut juste repenser leur rôle dans la société et les services qu’elles offrent. Nous sommes actuellement totalement dépendant des ordinateurs et du numérique et la « plupart d’entre nous ne savons pas coder, éditer des vidéos ou encore utiliser une imprimante 3D ». Alors même que ce sont des compétences qui deviennent de plus en plus nécessaire à notre époque. C’est à ce moment qu’entre en scène le hackerspace dans le raisonnement de l’auteur. Ce sont des espaces dans lesquels les individus peuvent utiliser du matériel et des outils pour acquérir des compétences en matière de littératie numérique. On y trouve généralement des espaces de travail collaboratif avec tout l’équipement nécessaire pour faire des « présentations, des logiciels de montage vidéo, du matériel scientifique, des imprimantes 3D, des livres empruntables et bien évidemment des ordinateurs ».

Selon l’auteur, la valeur des hackerspaces réside, tout comme pour les bibliothèques, dans leur capacité à démocratiser l’accès à ces nouveaux outils. En proposant ces différentes ressources à tous, ces lieux peuvent aussi participer au développement économique du territoire et à son attractivité. Il donne également d’autres exemples soulignant l’intérêt de ces espaces comme par exemple la dimension du vivre ensemble où chacun vient partager ses connaissances et ses apprendre des autres. Il cite notamment le cas du logiciel libre.

« Les bibliothèques sont une institution publique précieuse mais nous devons accepter qu’en l’état actuel leur jour sont comptés. Si on ne repense pas rapidement la façon dont elles peuvent répondre à nos nouveaux besoins nous risquons de les voir disparaître ainsi que tout ce qu’elles représentent. Cela serait une véritable erreur. Convertir certaines bibliothèques publiques en hackerspace serait une première étape à suivre dans pour y remédier. »

Et vous quelle est votre vision de l’avenir des bibliothèques ?

9 commentaires à propos de “Les hackerspaces doivent-ils remplacer les bibliothèques ?”

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  6. Je suis totalement opposée à cette affirmation : « … pour avoir une information il suffit désormais de passer par n’importe quel moteur de recherche voire YouTube ou Amazon. »
    S’abandonner aux GAFAM serait une terrible erreur. On voit aujourd’hui que le moteur de recherche Google ne répond plus aux recherches avancées aussi efficacement qu’avant. Et c’est normal : leur principe est de répondre aux demandes du plus grand nombre. Et non pas d’être le plus rigoureux, le plus démocratique, pluraliste, etc.
    Les bibliothécaires feraient mieux de promouvoir leurs atouts et surtout de se mettre au goût du jour (sites adaptés, meilleure communication sur les services qu’ils offrent, catalogues collectifs efficaces, ancrage local mais renforcement des collaborations en réseaux, etc.)
    Ne comparons pas trop vite les USA et l’Europe. Il suffit de regarder le marché du livre électronique aux USA et en France pour comprendre que les réalités, les attentes culturelles peuvent très différentes. Le livre a toujours sa place, c’est, pour moi, un grand danger de laisser croire que toute l’information est disponible sur youtube et amazon (sans même citer Wikipédia au passage). N’oublions pas qu’Amazon peut censurer du jour au lendemain des éditeurs pour des raisons économiques…

    • Bonjour et merci pour votre commentaire.

      Je ne dis pas que je partage tout ce qui a été dit dans l’article d’origine. Cependant, vous ne pouvez pas nier que Google et d’autres services en ligne concurrencent directement les bibliothèques en terme d’accès à l’information. L’abandon aux GAFAM est une réalité ! Combien d’internautes passent par un opac de bibliothèques pour répondre à leur besoin informationnel ? Je ne dis pas que c’est bien ! Je relayais juste un fait objectif qui doit nous inviter à nous poser des questions sur la façon de réaliser nos missions. Bien évidemment que nous avons intérêt à renforcer et mettre en valeur nos atouts comme vous l’expliquez dans votre commentaire.
      L’intérêt de l’article d’origine dans sa capacité à interroger les bibliothèques et donc les bibliothécaires sur les changements en cours. Ce n’est pas dans 5 ou 10 ans qu’il faudra essayer de trouver une solution aux problèmes que nous rencontrons actuellement. Et cela n’est pas une question USA/Europe. Nous rencontrons nous aussi une baisse générale des inscriptions. Cela ne veut pas dire qu’il faut arrêter ce qu’on fait mais faire autrement. Cela n’est pas simple, j’en conviens !

  7. Bonjour,

    Je trouve l’article original (que j’ai lu avant de vous lire) un poil extrême dans l’idée d’un « grand remplacement ». Il me semble que nous avons tout à gagner à faire cohabiter tous les supports d’information, et à croiser les apports d’un fablab avec ceux de la bonne vieille documentation papier : l’un et l’autre peuvent s’enrichir mutuellement pour le plus grand bénéfice de nos usagers.

    Bien sûr, cela suppose que la médiathèque ait un vrai projet numérique, sache ce qu’elle fait, pourquoi elle le fait, et surtout pour et avec qui. Il ne s’agit pas, à mon sens, de transformer les bibliothécaires en petits génies de l’informatique (ce que beaucoup seraient bien incapables de devenir, ne serait-ce que par manque de goût pour la chose, ce qui est parfaitement légitime : sus à l’homogénéité des profils), mais de savoir sur quelles compétences locales s’appuyer pour venir enrichir l’offre de services de la médiathèque à côté des bibliothécaires et avec eux.

    Par ailleurs, cela suppose aussi que nous soyons suivis dans cette voie par nos tutelles et qu’elles valident un budget pour le numérique qui ne remplace pas (du moins pas totalement, ni même trop fortement) les autres services proposés dont celui de la documentation sur les différents supports… A l’heure des coupes sombres et des restrictions diverses et variées, là encore, mieux vaut savoir précisément dans quel but nous proposons les choses pour avoir une chance d’arriver à être entendus…

    En ce qui me concerne, je préfère un projet numérique fortement axé sur la médiation, et incluant de ce fait un fablab (ou tout autre nom qu’on veuille donner à un lieu d’échange des savoirs et des compétences dans le domaine numérique), à un projet qui ne se pose la question du numérique qu’en termes de ressources documentaires. A mon avis, et c’est là où je rejoins l’avis de l’auteur, les usagers n’attendent pas après nous pour ça (même si nous avons un réel rôle de bibliothécaires à jouer dans la sélection et la validation des sources d’information, mais pour cela encore faut-il que les modèles économiques des publications numériques nous permettent de le remplir… vaste débat…) : si nous voulons proposer des services numériques qui rejoignent les besoins de la population, c’est du côté du « faire et savoir-faire » plus que de la documentation que nous avons une vraie carte à jouer. La documentation venant, bien évidemment, soutenir et compléter les ateliers…

  8. Rétroliens : Les hackerspaces doivent-ils remplacer les bibl...

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