Fab L(a)brary

CC BY NC SA par iMAL.org Flickr
CC BY NC SA par iMAL.org Flickr

A la fin du mois de juin dernier, la ministre chargée de l’économie numérique a annoncé la mise en place d’un appel à projet autour des fab labs. Belle initiative mais deux points viennent noircir le tableau. D’une part, l’annonce concerne essentiellement les entreprises et d’autre part, le délai accordé exclut de fait bon nombre de collectivités. En effet, la date limite est fixée au 13 septembre 2013. Autrement dit, cela laisse deux mois aux collectivités qui seraient intéressées par le projet. Ces deux mois étant réservés aux chassés-croisés des juillettistes et des aoûtiens… En outre, il semble que le ministère associe les fab labs seulement aux acteurs privés, aucun mot pour les bibliothèques. Mais ces derniers n’ont pas attendu la prise de conscience des politiques pour monter leur fab lab ! Mais après tout, Fleur et ses copains ont peut-être raison. Pourquoi des fab labs en bibliothèques ?

Pourquoi des fab bib ?

La question de la bibliothèque de demain est souvent abordée dans les journées d’études professionnelles ou dans le cadre d’événements comme BiblioRemix. Si c’est dans l’ère du temps de se demander quelle sera la bibliothèque de demain, pourquoi ne pas s’intéresser à la question des fab labs en bibliothèques ? Le fab lab constitue une des voies que les bibliothèques peuvent emprunter. Certes tous les établissements ne sont pas concernés par les laboratoires de création numérique mais une partie des bibliothèques, sans aucun doute ! L’idée du fab bib devient plus évidente si on considère la bibliothèque comme un espace partagé de pratiques. Les fab labs sont l’occasion de repenser les bibliothèques en proposant de nouveaux espaces et de nouveaux services aux publics. Le règne des collections a peu à peu laissé la place à l’usager et aux services que la bibliothèque peut offrir. Sans compter que l’usager est un personnage aux caractéristiques multiples, aux goûts divers et attentes différentes. Il vient à la bibliothèque pour lire, pour travailler, pour surfer sur le web (non bridé de préférence), écouter de la musique, jouer aux jeux vidéos, participer à des ateliers robots, se cultiver en s’appropriant les documents mis à sa disposition (Copy Party), s’informer (périodiques)… Force est de constater, l’activité des bibliothèques ne repose plus uniquement sur le livre. Plus encore, le livre n’est plus la seule forme d’accès au savoir. On vient à la bibliothèque pour y lire de différentes façons. Les différents services offerts font appel à des technologies variées plus ou moins récentes : le CD et la musique dématérialisée, tablettes tactiles, robotique/informatique… Personne (ou presque) n’ose remettre en cause ces activités, elles sont largement admises parfois après de longues heures de discussion. Elles sont acceptées parce que les bibliothèques doivent être en mesure d’accompagner les publics vers ces technologies en s’adaptant aux évolutions de la société.

Envisageons la bibliothèque de demain comme un espace partagé où se rencontrent différentes pratiques. Un usage ne doit pas en chasser un autre, c’est le croisement des pratiques qui font des bibliothèques un lieu ouvert sur la cité et correspondant aux comportements culturels des individus. En plus des activités citées ci-dessus, pourquoi les établissements de lecture publique ne pourraient-ils pas accompagner et favoriser le développement des fab labs ? Les bibliothèques doivent être à l’avant-garde technologique et distiller les usages au sein de la société comme elles l’ont fait avec l’informatique:

« Les bibliothèques ont été pionnières dans l’utilisation de l’informatique. L’introduction des ordinateurs dans les bibliothèques a permis d’informatiser le catalogue des collections (dans les années 1970), puis d’en proposer la consultation directe aux publics (dans les années 1990). »

Elles peuvent devenir un lieu névralgique de communautés en accueillant des fab labs.  Le 21ème siècle est profondément ancré dans le partage et l’échange grâce au développement des technologies de production et de diffusion de l’information. Les fab labs rendent possible le partage de savoir-faire et l’autonomie des utilisateurs au même titre que les bibliothèques. Les établissement qui feraient le pari des laboratoires de fabrication numérique pourraient ouvrir leurs espaces à des associations de bidouilleurs qui animeraient ces espaces sur des plages horaires dédiées. En effet, on voit apparaître des communautés d’intérêts autour de la bidouille qui s’organisent à travers notamment les Repair Café. Etant donné le prix du mètre carré qui flambe régulièrement, il est parfois difficile pour des associations d’avoir des locaux. En conséquence, elles pourraient emprunter les espaces de la bibliothèque. L’appropriation des bibliothèques par les citoyens passe aussi par la mise à disposition des locaux. Le thème du dernier congrès de l’ABF n’était-il pas « La bibliothèque, fabrique de citoyens ?« . « Fabrique » peut ici s’entendre dans les deux sens.

Les fab labs en bibliothèque, une opportunité de toucher des nouveaux publics

  • Toucher des élèves de lycées professionnels : monter des partenariats avec des CAP/ Bac pro destinés notamment à utiliser des machines-outils. (Maintenance des Equipements Industriels, Serrurier-Métallier, Systèmes Électroniques Numériques…).
  • Rendre accessible des technologies au plus grand nombre.
  • Les missions sont très proches: Les fab labs sont des lieux ouverts accessibles à tous et souvent gratuits. Les bibliothèques sont des lieux ouverts, accessibles à tous et sont la plupart du temps gratuites (par gratuit, j’entends le fait d’entrer dans les locaux pour profiter des espaces). Enfin, les bibliothèques doivent permettre un accès libre et gratuit à l’information, aux idées et aux technologies.
  • Les fab labs permettent de passer de l’état de consommation à production par les publics. Les outils des fab labs favorisent la création (numérique et physique) d’objets ou d’œuvres réservés jusque-là à l’industrie.
  • Servir et aider des communautés d’intérêts (lecteurs, joueurs, bidouilleurs etc.) à travers des rencontres, des débats, des ateliers…

Les bibliothèques ne doivent plus être envisagées uniquement comme un espace du livre mais comme un espace d’apprentissage sous toutes ses formes. Les fab labs en bibliothèques sont encore à construire. N’attends pas qu’il soit trop tard, réfléchissons-y dès maintenant pour préparer leur développement. Repensons les bibliothèques et construisons avec les citoyens la fabrique des savoirs de demain !

6 commentaires à propos de “Fab L(a)brary”

  1. Bonjour Thomas
    Je vous avez contacté il y a quelques mois au sujet de la PirateBox, jamais de vive voix. Je travaille à la CC Opale-sud (62) et je vous avez parlé à l’époque de la volonté de mettre le paquet numérique pour la Médiathèque. Le sujet est toujours d’actualité malgrés des retards de plus en plus lourds.
    Je me permets de vous recontacter (si je peux, cette fois je vous téléphone lundi. Mais…) pour avoir des renseignements sur la pirate Box mais également sur l’atelier robots que j’aimerais mettre en place.
    En vous remerciant et espérant pouvoir vous téléphoner un lundi, je vous souhaite une bonne journée et un bon WE
    François Leviel
    Référant de la Médiathèque Opale-sud de Rang-du-Fliers

  2. Rétroliens : Perché aprire dei fablab in biblioteca | Software libero & TD

  3. Rétroliens : Pour des espaces d’apprentissages collaboratifs | Biblio Numericus

  4. Rétroliens : De l’EPN à l’Espace de Pratiques Numériques en passant par le fablab : Les EPN en bibliothèques | Animtic

  5. Rétroliens : Fab L(a)brary : "un espace partagé ...

  6. Rétroliens : Fab L(a)brary | Biblio Numericus | Innovation e...

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